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EN FOULANT LE PAVE ROCHELAIS
RUE DU TEMPLE

La rue du Temple est une des plus ancienne de La Rochelle et ce fut, à ses origines, une voie de dégagement séparée du havre par la muraille de l'enceinte à laquelle s'appuyaient les maisons de la ville. Elle commençait à la porte Saint-Sauveur pour arriver à la porte du Perrot (Grosse Horloge).

Les chroniqueurs de notre cité nous apprennent qu'Alienor d'Aquitaine avait octroyé de grands avantages aux Chevaliers du Temple de Jérusalem, que nous connaissons mieux sous le nom de Templiers. Dès 1129, ils sont installés dans le quartier du Perrot (Saint-Jean) puis viennent dans la ville même où nous retrouvons aujourd'hui les traces de leur passage cour de la Commanderie avec tout autour de nombreux immeubles qui devinrent leur propriété.

La rue du Temple fut un peu leur appartenance puisque l'entrée de leur établissement était où commence de nos jours la rue des Templiers. En reconnaissance des dons que leur faisait Alienor, les Templiers riverains du havre donnèrent ç ce dernier le nom de Besse à la Reine.

Là venaient se jeter dans l'océan les ruisseaux alors aux eaux plus abondantes de Rompsay, de la moulinette et du la Font. L'arrivée de ces eaux en ce même endroit affouillait le rivage et créait ainsi une profondeur permettant l'accostage des navires de l'époque.

Les cailloux du Canada

De part sa situation, la rue du Temple eut un intense trafic avec les importants charrois de sel et vin qui ne pouvaient se risquer le long du havre par suite du peu de solidité du sol. Cet endroit était appelé " sur les vazes " de la porte Saint-Sauveur au port en passant par la porte du Pérrot. C'était parfois une longue file de véhicules et ceci dans les deux sens.

En 1482, un règlement du Corps de Ville astreint les charretiers à passer par la rue du Temple entretenue aux frais de la commune…

Ce sera une des premières rues à connaître le pavage avec les cailloux du Canada, plus ou moins ronds ou gros, que les navires chargés de pélieteries ajoutaient comme lest et que qu'ils mettaient à terre à leur arrivée, ce qui encombrait les quais.

En 1139, les templiers avaient la charge des moulins de la Verdière, puis ceux de Maubec (face Saint-Sauveur). Leur commanderie était l'une des 22 commanderies magistrales de France et devant son importance, un jaloux, sans doute, écrivait : " Ils possèdent à La Rochelle un Temple magnifique et richement doté… "

De ce Temple magnifique il nous reste bien peu de choses, une arcade de porte dont la forme et la décoration ont maintes fois changées. Aujourd'hui, sans attrait est derrière cette porte : une cour où dans un coin se blottit une porte (ou cheminée), murée dont le fronton en accolade est sculpté d'une croix, Templière.
 

Des deux siècles de présence des Templiers en ces lieux, il n'y a presque plus que le souvenir. Après leur attestation par Philippe le Bel et pour beaucoup d'entre eux, leur martyre, ce sont les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui recueillirent leur succession. Ils vinrent occuper la Commanderie en 1317, la quittèrent en 1568 (guerre de religion) et la commune se l'appropria pour y établir un marché au pain, à la chair de pourceau, aux volailles.

En 1628, les Hospitaliers reviennent et rentrent en possession de leurs biens, ils conservèrent le marché en louant les échoppes à des particuliers. Nouveau départ des Hospitaliers et sans retour en 1791 où la ville reprit la Commanderie et supprima le marché.

Puis cela devint le triste décor que nous voyons de nos jours.

Le passé resurgit

Rue du Temple : le nom désoriente parfois le touriste mais les guides Rochelais connaissent bien l'histoire et ont tôt fait d'informer leurs clients sur cette dénomination en leur parlant des Templiers.

Il reste encore dans cette rue deux maisons à colombages dont la façade postérieure de l'une, cours du Temple, garde l'aspect de l'époque où elle fut construite. C'est par une autre maison de cette rue que l'on accédait à la Tour à l'Anglais, petite rue du Port.

Enfin, à l'une de ses extrémités, il reste une très belle maison Renaissance datée 1556, qui peut prouver la richesse de La Rochelle à cette époque, mais la tourelle d'angle à malheureusement disparu. La rue du Temple a donc subi comme ses sœurs les fantaisies de la mode ou des propriétaires, mais le passé resurgit quand même par la mise au jour d'arcades anciennes.

Officiellement, il y a sept siècles que les Templiers ont disparu. La rue du Temple, elle, est toujours là, à nouveau pavée mais sans charrois et avec en face des ombres des Chevaliers du Temple de Jérusalem.